Cancer anal et HPV

Les cancers épidermoïdes de l'anus sont rares dans la population générale. Les condylomes anaux constituent des lésions précancéreuses. Le virus du papillome humain (human papilloma virus : HPV) est l'agent responsable des condylomes. Les HPV sont de type oncogène (types 16, 18, 31, 33) ou non oncogène (types 10, 11). Les HPV de type oncogène sont considérés comme agents carcinogènes responsables du cancer du col chez la femme, qu'ils induisent ou non des lésions condylomateuses.

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Dans le cas du cancer anal, la séropositivité pour le virus HIV, l'immunodépression et la survenue de maladies systémiques ou de lymphomes sont considérées comme des situations favorisant la survenue de condylomes. Ainsi, l'incidence de dysplasie anale chez l'homosexuel HIV négatif ne dépasse pas 7 %, alors qu'elle est supérieure à 30 % chez le VIH +. Le risque relatif (= 5.7 ; 3-6-8-9) de développement de dysplasie anale de haut grade chez HIV + est proportionnel à la baisse de CD4 circulant. De plus, la densité virale HPV dans la muqueuse anale est le deuxième facteur de risque de dysplasie anale. Nous avons démontré qu'à la fois l'incidence de dysplasie et l'activité d'HPV dépendaient de l'activité HIV. Plus HIV est replicatif, plus l'immunité de la muqueuse anale est altérée. Il en résulte une augmentation de l'activité d'HPV qui, elle-même, potentialise le risque de carcinogenèse.

Au plan thérapeutique, on ne dispose actuellement pas de médicament antiviral anti-HPV très efficace. Aussi, il faut à la fois bien contrôler l'activité HIV grâce aux antiprotéases et procéder à la destruction des lésions condylomateuses anales.

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Traitement médical

Malgré une ancienne étude randomisée, ayant montré l'efficacité du 5-FU vs placebo, cet agent cytostatique n'est pas utilisé au niveau anal en raison de son effet abrasif. L'Interféron est efficace dans la réduction de l'activité HPV, mais cet effet est suspensif. Il existe un nouveau traitement local des condylomes c'est la pommade ALDARA , je l'utilise depuis peu de temps et avec un recul insuffisant merci de faire passer par e-mail vos remarques. Néanmoins cette pommade ne peut être utilisée que dans les atteintes peu importante.

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Traitement chirurgical et surveillance

Le risque de dysplasie sur condylome est réel et doit imposer au moins une recherche histologique avant destruction complète. En effet, la présence d'une dysplasie de haut grade au sein d'un condylome doit imposer une destruction chirurgicale, telle qu'on la propose dans les lésions Bowenoïdes de la marge anale. Dans un travail chirurgical récent, l'insuffisante sécurité des procédés chirurgicaux a même conduit les auteurs à rester prudents. En tous cas, une surveillance clinique et proctologique s'impose. La surveillance par cytologie, de type " test Papanicolaou " habituellement utilisé dans la surveillance du col utérin, n'est pas répandue en France pour la surveillance de l'anus. Le seul avantage de ce test à l'échelle de la population est son coût. A l'échelle individuelle, il est inférieur à l'examen anuscopique associé à la biopsie, dans la détection de la dysplasie.

La technique la plus répandue pour détruire les condylomes est la destruction au bistouris électriques ou au laser. j'utilise presque exclusivement le laser car la douleur post opératoire est plus faible; Une étude grecque avait utilisé le plasma Argon mais avec un protocole trop lourd à mon avis;(congrès de Rome)

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Conclusion

Tout condylome anal doit être histologiquement analysé. En cas de dysplasie de haut grade, une surveillance s'impose par examen anuscopique. Les lésions doivent être détruites chirurgicalement avec une séquence d'autant plus rapprochée que le sujet est immuno-déprimé et présente une charge virale HIV élevée.

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Pour en savoir plus :

- Brown SR. Outcome after surgical resection for high-grade anal intraepithelial neoplasia (Bowen's disease). Br J Surg 1999;86:1063-6.

- Cleary RK. Perianal Bowen's disease and anal intraepithelial neoplasia : review of the literature. Dis Colon Rectum 1999;42:945-51.

- Goldie SJ. The clinical effectiveness and cost-effectiveness of screening for anal squamous intraepithelial lesions in homosexual and bisexual HIV-positive men. JAMA 1999;281:1822-9.

- Lacey HB. A study of anal intraepithelial neoplasia in HIV positive homosexual men. Sex Transm Infect 1999;75:172-7.

- Metcalf AM. Risk of dysplasia in anal condyloma. Surgery 1995;118:724-6.

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- Moore GE. Condyloma. A new epidemic. Arch Surg 1978;113:630-1.

- Palefsky JM. Anal squamous intraepithelial lesions : relation to HIV and human papillomavirus infection. J Acquir Immune Defic Syndr 1999;21 (Suppl 1):S42-8.

- Reichman RC. Treatment of condyloma acuminatum with three different interferons administered intralesionally. A double-blind, placebo-controlled trial. Ann Intern Med 1988;108:675-9.

- Taxy JB. Anal cancer. Microscopic condyloma and tissue demonstration of human papillomavirus capsid antigen and viral DNA. Arch Pathol Lab Med 1989;113:1127-31.

- Weismann K. Treatment of condyloma acuminaturn with 0.5 % 5-fluorouracil-solution, a doubleblind clinical trial. Z Hautkr 1982;57:810-6.